Le couloir était long, le couloir était vide, car l’espace était luxe et la sérénité était richesse. Seul le reflet du directeur O’Connel l’accompagnait dans sa marche fougueuse, tout aussi rigide et empressé. Dans l’image que lui renvoyait la baie vitrée, il était un homme bon chic bon genre en route pour vivre sa business life. De l’autre côté de la vitre il était un mega-prédateur, avide d’élargir son territoire. Il quittait ses bureaux situés dans la plus haute tour du quartier pour rejoindre sa voiture. L’intérieur était sobre, d’un noir épuré et aux formes modernes. Sur le pare-soleil, était glissé une photo difficilement discernable, dont les couleurs pales, presque céleste, rappelaient un décor enneigé.
Ses mains tapotaient le volant de sa berline alors que l’instrumentale de NieR : Automata emplissait l’habitacle, ses bagues cognant sur la surface synthétique. Il était temps de quitter le milieu de la sécurité pour s’intéresser à celui de la charité, du soin, de l’abnégation de soi mais surtout celui du contrôle des volontés. Un tas de dossier trônaient sur le siège à ses côtés, laissant entrevoir le profil de différents scientifiques. Un se trouvait en haut de la pile, ostensible, atypique, à rejeter absolument. Il le voulait.
La voiture aux formes effilées se gara dans le parking, prenant une place détonante entre les monospaces et les citadines. Le chasseur avança vers sa cible, son costume à la coupe parfaite dissimulant ses avidités dévorantes. Sa demande à l’accueil n’eut pas le besoin d’être intransigeante, sa présence suffisant à transformer ses demandes en ordres. Les étages s’enchaînaient dans la cage de fer de l’ascenseur et à chaque pallier passé, Ian donnait un coup du bout de son pouce dans sa bague de métal argenté. Anti-social, acide, solitaire… Oh, espérons que rien ne soit exagéré, car il y avait matière à découvrir un joyau sous cette couche de défauts énoncés à la va-vite pendant la pause café.
Ian ne prit pas réellement de gant, une fois arrivé à l’étage qu’il souhaitait, se dirigeant avec amplitude vers le bureau de Lawford. Ses coups à sa porte étaient vifs, impatients, mais alors il l’aperçu au bout du couloir. Et là, ses yeux se fendirent et s’affûtèrent avec envie. Celle d’avoir ce qu’il souhaitait, comme toujours. Alors O’Connel prit une pose plus décontractée et attendit que le scientifique daigne venir voir l’homme en costard faisant le pied de grue devant son bureau.
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