Amélie Lacroix - I see you, do you see me ?

Amélie. Arachné. Fatale. Widowmaker. Plusieurs noms, un seul être. Un passé et un présent. Un futur encore incertain, qui dépendra de l’évolution, de si des souvenirs du passé reviendront. De ce passé où elle avait grandi dans la joie, dans le bonheur, où son enfance était celle d’une enfant heureuse en France aux côtés de ses parents avant d’être en couple avec Gérard Lacroix, d’être son épouse de se sentir aimée, protégée par cet homme qui faisait battre son cœur, la rendait heureuse, aux côtés de qui elle évoluait. Il était celui qu’elle attendait, qu’elle voulait revoir à chaque opportunité, qui était l’être qu’elle chérissait le plus.

Jusqu’à ce jour, celui où la Griffe la kidnappa. Ce groupe auquel tenait tête Gérard avait réussi à prendre la femme de celui-ci, à l’emmener dans un lieu où elle fut prise en charge et où elle subit un reformatage complet du cerveau… Où seule l’apparence charnelle d’Amélie subsista, le reste disparaissant dans les limbes de sa psyché, n’existant tout simplement plus. Personnalité et passé avaient été effacé… Elle n’était qu’une marionnette, un objet créé pour détruire Gérard Lacroix.

Ce qu’elle fit par la suite, lorsqu’Overwatch la retrouva. Son mari était heureux de la retrouver, la vie pouvait reprendre son court, redevenir ce qu’elle avait été. Mais les apparences sont trompeuses, car les agents n’avaient retrouvé qu’une coquille vide, une poupée tueuse. Deux semaines, deux petites semaines après les retrouvailles, après la joie d’avoir retrouvé Amélie en vie, cette étincelle vitale quitta le corps de Gérard. Sa femme l’exécutant dans son sommeil, profitant de ce moment où il n’était pas sur le qui-vive… Où il était le plus apte à se faire froidement tuer. Mais qui aurait pût prévoir, hormis la Griffe, que l’être le plus proche de lui serait celui le menant à sa perte ? Sans un regard en arrière, sans une parole pour son défunt mari, elle quitta les lieux, rejoignant l’organisation qui l’avait changée à tout jamais…

Qui avait fait d’elle une tueuse de sang-froid, un être suivant un entraînement rigoureux qui ferait d’elle un sniper hors pair tout en continuant les modifications neurologiques et physiques. Son cœur fut ralenti, les battements devenant presque imperceptibles et modifiant la couleur de sa peau anciennement rosée. Le bleu apparaissait, montrait cette modification en elle… Mais il n’y avait pas que ça. Ses émotions, tout ce qu’elle ressentait auparavant… Tout cela disparu également. Elle était devenue Fatale, elle tuait sans aucun état d’âme, réussissait les missions qu’on lui confiait en abattant chacune de ses cibles, en affrontant les agents d’Overwatch. Seule la satisfaction du travail bien fait existait…

Il ne restait rien d’Amélie. Du moins, en apparence. Même modifiée, lobotomisée, une petite parcelle d’elle-même subsistait difficilement. Une petite flamme du passé qui commençait doucement à revenir au fil des ans, à se montrer de diverses manières même si c’était subtile. Elle se rendit par exemple sur la tombe de son défunt mari, y déposant une rose rouge. Ce n’était qu’un détail, un élément qui aurait semblé anodin à n’importe qui, mais pas pour elle, pas pour cette femme qui devait avoir oublié son passé, oublié ce lien ayant réellement existé entre Gérard et elle. Pourtant… Pourtant ce tout petit élément prouvait le contraire, que de légers éléments revenaient… Même si cela ne transparaissait pas au quotidien, qu’elle continuait de travailler pour La Griffe, qu’elle se battait quotidiennement contre Overwatch et s’amusait avec Tracer, avec cette jeune femme qui était sa Némésis et se trouvait toujours dans ses pieds lorsqu’elle était en mission.

Les combats se succédaient, les victoires et les défaites également. Gentils, méchants, il était difficile de savoir qui serait le vainqueur lors d’un duel, lors d’événements importants. Les aléas, les imprévus, les éléments extérieurs s’ajoutant parfois lors d’un combat, tout était à prendre en considération, un rien pouvait mener ou non à l’échec d’une mission ou à sa réussite. Jusqu’à ce jour… Ce jour où celle que l’on nommait Fatale se retrouva dans un monde totalement différent et en même temps proche du sien, un monde où les êtres comme « elle » étaient nommés des Pixeliens, où ils étaient cloîtrés dans une ville nommée « Arkadia » sans espoir d’en sortir.

La Griffe ? Elle n’avait encore retrouvé aucun de ses anciens équipiers… Elle avait fait un tout autre choix, proche pourtant de ce qu’elle faisait auparavant en entrant à la SSC de la ville, travaillant pour cette police considérée comme neutre et pourtant chapeautée par le Conseil des vilains de la cité. Elle suivait les ordres, les demandes, les exécutait comme à son accoutumée sans se poser de questions. S’il fallait neutraliser quelqu’un, elle le faisait. Elle n’avait juste pas prévu y retrouver un être qu’elle connaissait, le seul qui s’était trouvé un nombre incalculable de fois sur son chemin, qu’elle s’amusait également à taquiner.

Tracer. Lena Oxton. Ce membre de l’organisation d’Overwatch qui devenait sa collègue, avec qui elle devait à présent travailler, qu’elle ne devait pas tuer par mégarde parce que « cela ferait tâche » ou « il faut montrer le bon exemple, même les ennemis doivent pouvoir s’entendre un minimum afin de ne pas mettre la ville sans dessus dessous ». Ce qui était plus simple à dire qu’à faire, plus difficile encore lorsque des bribes du passé continuaient de revenir, de susurrer à son oreille qu’elle n’était qu’une traître, qu’un être qui avait joué sur les deux tableaux. Plus les jours passaient, plus Fatale avait l’impression de se battre contre elle-même, contre ces éléments qu’elle ne pouvait pas contrôler… Contre cette autre « elle » qui s’avérait encore trop faible, trop fragile et qui restait camouflé au fin fond de son être.

Elle ne savait pas ce que cette ville allait lui réserver, ce que le futur donnerait, si elle retrouverait d’autres personnes provenant de son univers, de son organisation. Actuellement elle devait faire avec des inconnus, avec Tracer… Et obéissait simplement à ce qu’on lui demandait, se retenant difficilement de mettre des bâtons dans les roues de l’anglaise, reprenant les taquineries et vivant dans cette ville où jamais elle n’aurait pensé se retrouver, cette ville où tout se mélangeait, permettait à des Morts de retrouver des Vivants, à des générations différentes de se découvrir ou à des Ennemis de se faire face en se retenant de entre-tuer.